De nos jours, le phénomène de société de consommation a totalement altéré, voire faussé la valeur des objets...
Depuis l'industrialisation, et les exigences des sociétés modernes avides de quantités, de changements et de rapports mercantiles, la main seule de l'homme ne peut plus y répondre...
Sous prétexte de la soulager, on l'a dévalorisée...La précision technologique, la mercatique des modes et le recours aux marques, comme "gage de prestige" ont substitué leur échelle de valeur à celle du temps de travail et des connaissances techniques humaines séculaires pour obtenir l'objet décoratif ou usuel désiré...
Au détriment de "l'art et de la manière", de la rareté, de la durabilité et du charmant "défaut" qui garantit unicité et âme...
Lorsque je tente d'expliquer le prix de certaines de nos créations, qui sont encore souvent bien en-deçà du compte pour ne pas sembler irréalistes, l'interlocuteur à l'oeil aguerri se laisse la plupart du temps malgré l'attrait, aller à la facile et trompeuse comparaison avec le monde de la grande distribution ou avec celui de l'amateur qui sacrifie le prix de sa création, pour le plaisir que lui a procuré son seul acomplissement...
Entre les deux, l'artisan comme moi tentant de vivre de sa pratique peut avoir bien du mal à se situer et à être compris...
Alors j'emprunte ces merveilleux mots tirés de la lecture d'anciens ouvrages spécifiques qui redonnent au sujet l' aura qu'il mérite....
Le premier, rédigé par Mr de Querière, antiquaire Royal passionné notamment par le travail artistique du cuir et le passant en revue, écrivait il y a 187 ans:
"Il y avait des tapisseries que l'on n'imprimait pas au moyen de la planche de bois, principalement les bordures auxquelles on donnait des ornements en relief en les ciselant; le travail était beaucoup plus long et plus couteux. Des ouvriers se servaient pour cela de divers poinçons ou ciselets qu'ils appelaient fers."
C'est la description exacte du repoussage manuel au matoir et de sa différence essentielle avec l' embossage sous presse...Et C'est cette première technique que nous pratiquons systématiquement chez Margaery & Ser No.Même l'embossage chez nous est manuel!...
Antérieurement, Fiavoranti, écrivait à Venise en 1564, à propos des cuirs dorés, variante illustre des cuirs de Cordoue, en pleine apogée de cette pratique:
"Celui qui a trouvé cet art des cuirs d'or, était certainement homme singulier, et de grand jugement: je ne crois néanmoins et ne croirais jamais qu'un seul en ait été l'inventeur, et l'ait réduit à la perfection et beauté que nous voyons aujourd'hui, et pense qu'il a pris commencement en Espagne, parce que les meilleurs ouvriers en icelui sont sortis de cette province-là"...
Puis plus loin,
"C'est un art de grand profit et savoir, moyennant lequel on fait amitiés avec grands personnages! car la plus grande partie de ceux-là qui s'en servent, sont hommes illustres et grands, pour ce que l'art est de grande beauté et fort délectable à voir: il est aussi de grand profit pour ceux qui le font, car il s'appelle l'art de l'or..."
Cela laisse bien rêveur aujourd'hui...