Depuis 4 ans déjà, je travaille le cuir en tant qu'autodidacte, attirée tardivement par ce qui s'avère être la matière première ancestrale de toute civilisation...A mesure que j'en découvre et explore les possibilités, je cherche à en retracer l'histoire, pour comprendre d'où vient ce savoir que je touche du bout des doigts de façon empirique...
J'ai acquis il y a peu un ouvrage rare et remarquable faisant état des connaissances historiques et archéologiques sur le sujet, et qui dresse le constat de "carences documentaires" sur cette pratique artistique et technique pourtant si présente à travers les millénaires qui ont façonnés notre monde.
De la fascination ou de la répulsion (rarement de l'indifférence), voilà ce que suscite le travail ambivalant du cuir, qui annihile la décomposition naturelle des peaux d'animaux morts, et les rend utiles et/ou esthétiques aux sociétés humaines...
Cette dualité confère à ceux qui le pratique un statut particulier...Car d'aucuns se sentent attirés par l'odeur et le toucher sensuel du cuir, émerveillés par ses transformations, quand d'autres au contraire n'y voient que des dépouilles d'êtres vivants, et s'horrifient qu'on les objective et les utilise...
J'ai sur les marchés et expositions heureusement plus eu affaire à la première qu'à la seconde catégorie...et surtout j'ai la chance de n'intervenir que dans l'étape finale de la maroquinerie, plus particulièrement celle de la décoration (j'y reviendrai dans un autre billet) bien APRES celle plus controversée du tannage...
Mais pourquoi renier que depuis la nuit des temps, le cuir accompagne la vie des hommes, le protégeant d'une deuxième peau des atteintes extérieures (climat, blessures) et le secondant dans ses activités (contenant, lien, support d'écriture, ornement...) en tant que bien de première nécessité comme de luxe?...C'est une réelle richesse dans les deux cas.
Et son travail (artisanal) s'inscrit pleinement dans le cycle de la vie et de la mort...dans l'esprit de recyclage qui nous anime aujourd'hui alors qu'il est loin d 'être nouveau.. juste perdu de vue un temps...